Commercialiser les agneaux en direct Commercialiser les agneaux en direct
À l’occasion du passage de relais entre deux générations, une nouvelle orientation est donnée à la ferme du Cluselier.
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Associé depuis juillet 2019 avec son gendre, Tanguy de Lachaise, Bernard Moreau est en train de transmettre son exploitation de polyculture-élevage : un cheptel allaitant de soixante vaches charolaises et limousines et une troupe ovine de deux cents brebis charollaises et texel, sur une SAU de 200 hectares, dont 45 ha de cultures. En mars prochain, il prendra sa retraite. En toute sérénité. « Depuis cinq ans, j’ai un peu levé le pied, car je pensais ne pas avoir de successeur. Or, ma fille unique, Ombeline, et mon gendre ont décidé de revenir au pays avec leurs deux enfants, âgés de deux ans et demi et quatre ans et demi », explique l’agriculteur de Saint-Forgeot, en Saône-et-Loire.
Salariée opticienne, Ombeline semblait pourtant avoir fait sa vie à Lyon avec son mari, gérant d’une société immobilière spécialisée dans la démolition avec présence d’amianteet les diagnostics énergétiques. Le patrimoine – la maison, des terres en propriété d’un seul tenant, des étangs pour la chasse aux canards – risquait d’être vendu. La décision de sa fille et de son gendre de reprendre l’exploitation a donc été une grande satisfaction.
Un métier nouveau
« Nous savions que nous reviendrions nous installer un jour dans la région. Nous y avons nos amis et une partie de notre famille, explique Tanguy. Mais nous pensions le faire plus tard, en développant nos propres métiers. Pour des raisons de qualité de vie et d’évolution de mon secteur d’activité, nous avons fait ce choix plus vite que prévu. Il y a aussi eu l’opportunité d’un emploi à Autun pour Ombeline. »
Pour Tanguy, l’agriculture est un métier nouveau. Mais il peut compter sur le soutien de son beau-père et sur sa détermination. En plus de son BPREA (brevet professionnel responsable d’exploitation agricole) et d’un stage de trois jours à la vente directe, il a décidé de s’impliquer dans le milieu local. « L’exploitation a adhéré au groupement d’intérêt économique et environnemental de l’Autunois et je vais me former avec Jeunes Agriculteurs à la communication, pour répondre à l’agribashing », annonce le jeune éleveur. Le nouvel installé entend développer la troupe ovine et la vente directe. L’objectif de la ferme du Cluselier est de commercialiser à terme tous les agneaux, ainsi qu’une partie des bovins, en direct auprès de particuliers, comités d’entreprise ou cantines de collectivités locales.
Un abattoir de proximité
Cette orientation stratégique, qui colle au profil commerçant de Tanguy, est possible grâce à la proximité d’un abattoir et d’un atelier de transformation, celui d’Autun situé à 5 km. Le centre équestre au sein de l’exploitation, avec une écurie pour les propriétaires, une structure initialement développée par Bernard Moreau entre 1991 et 2007 et désormais louée, constitue un atout supplémentaire.
Tanguy met également à profit son réseau lyonnais, ses amis et ceux de ses parents. Les livraisons se font chez l’un d’entre eux, autour d’un verre de vin. La plus-value d’un agneau vendu en direct est le double de celle d’une bête commercialisée sous label rouge. Elle paie donc largement le transport et le temps passé.
Des petits colis de 5 kg
Les premiers démarchages de clientèle effectués cette année sont positifs. Vingt-cinq colis sont partis avec de bons retours. Une partie des clients apprécient le conditionnement de 5 kg, constitué de quarts d’agneaux (des avants ou des arrières). « Pour des citadins, c’est plus facile à consommer et c’est moins cher, note Tanguy. Sur les premières ventes, les demandes de colis avant et arrière se sont bien équilibrées. » Outre des saucisses et des merguez, il est question de viande hachée, de sauce bolognaise, et de saucissons d’agneaux.
Si la vente directe fonctionne bien, il faudra trouver une aide pour le travail, bien que le système d’exploitation ait été beaucoup simplifié. L’hiver, le troupeau ovin n’est nourri au foin qu’une fois par jour. Les vêlages se font en extérieur en mai-juin. Une partie de la fenaison (deux cents bottes), l’épandage du fumier, le broyage des haies ainsi que toutes les cultures sont gérés par une entreprise de travaux agricoles (ETA), pour un coût annuel de 20 000 euros.
Anne Bréhier
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